Alors que l’économie gig, ou économie des petits boulots, prend de plus en plus d’ampleur avec les plateformes numériques et les travailleurs indépendants, la Coopérative d’activités et d’emplois (CAE) se présente comme une solution alternative pour ceux qui souhaitent entreprendre autrement. Comment ce modèle se positionne-t-il face à l’économie gig ? Quels sont ses avantages et ses limites ? Tentons de répondre à ces questions.
Qu’est-ce qu’une Coopérative d’activités et d’emplois (CAE) ?
Une Coopérative d’activités et d’emplois (CAE) est une entreprise coopérative qui permet à des personnes souhaitant créer leur activité économique de bénéficier d’un cadre légal, social et fiscal sans avoir à créer leur propre structure juridique. Les entrepreneurs sont ainsi salariés de la CAE tout en conservant leur autonomie dans le développement de leur projet professionnel.
Ce modèle présente plusieurs avantages pour les entrepreneurs :
- Un accompagnement personnalisé dans les démarches administratives, la gestion financière et le développement commercial
- Une mutualisation des ressources, notamment en termes de formation, de compétences et de services supports (comptabilité, communication, etc.)
- Un partage des risques entre les entrepreneurs et la CAE
- Une protection sociale, avec un statut de salarié et les droits afférents (assurance chômage, retraite, etc.)
- Une gouvernance démocratique, où chaque entrepreneur participe aux décisions stratégiques de la coopérative
L’économie gig : un modèle précaire et individualiste ?
L’économie gig est caractérisée par une multiplication des petits boulots et des missions ponctuelles, souvent réalisés via des plateformes numériques. Les travailleurs sont généralement indépendants et ne bénéficient pas des protections sociales accordées aux salariés.
Ce modèle a connu un essor important ces dernières années, notamment avec l’émergence d’entreprises comme Uber ou Deliveroo. Il répond à une demande croissante de flexibilité de la part des entreprises, qui souhaitent pouvoir adapter rapidement leur main-d’œuvre en fonction de leurs besoins. De plus, il offre une opportunité pour certains travailleurs de compléter leurs revenus ou de travailler à leur rythme.
Cependant, l’économie gig est également critiquée pour ses effets négatifs sur les conditions de travail et la précarisation des travailleurs :
- Pas de protection sociale, sauf si le travailleur indépendant cotise volontairement à des assurances privées
- Pas de garantie de revenus minimums, ni de progression salariale
- Pas de droit à la formation, ni d’accès aux dispositifs d’accompagnement à la création d’entreprise
- Pas de reconnaissance des compétences et des qualifications professionnelles, qui peuvent être pourtant nécessaires pour accéder à certains postes ou se reconvertir
- Un isolement professionnel, avec peu d’opportunités de partage d’expériences et de réseau.
La CAE, une alternative solidaire et sécurisante face à l’économie gig ?
Face aux critiques adressées à l’économie gig, la CAE apparaît comme une solution intéressante pour les entrepreneurs qui souhaitent développer leur activité tout en bénéficiant d’un cadre sécurisant et solidaire. En effet, elle combine les avantages de l’autonomie professionnelle et ceux du statut salarié.
Cela étant dit, il est important de noter que la CAE n’est pas adaptée à tous les profils d’entrepreneurs. Elle convient notamment aux personnes qui ont un projet professionnel viable et structuré, qui sont prêtes à s’investir dans une démarche collective et qui ont besoin d’un accompagnement personnalisé dans le développement de leur activité.
Par ailleurs, si la CAE permet de limiter les risques liés à l’entrepreneuriat individuel, elle ne garantit pas pour autant la réussite du projet. Les entrepreneurs doivent donc rester vigilants quant à la gestion financière de leur activité et la pérennité de leur entreprise.
Enfin, il convient de souligner que le modèle coopératif est encore peu connu du grand public et des institutions. Les CAE doivent donc redoubler d’efforts pour faire valoir leurs atouts auprès des acteurs économiques et politiques.
« La CAE est une réponse innovante et solidaire aux défis posés par l’économie gig », estime Alain, entrepreneur au sein d’une CAE dans le secteur de la communication. « Elle m’a permis de développer mon activité tout en bénéficiant d’un accompagnement personnalisé et en conservant mes droits sociaux. Je me sens plus sécurisé et soutenu dans mon projet professionnel. »
Miser sur la coopération pour relever les défis du XXIe siècle
Au-delà des enjeux liés à l’économie gig, la CAE représente un modèle alternatif qui peut contribuer à repenser le travail, le statut de l’entrepreneur et les relations entre salariés. En misant sur la coopération, le partage des ressources et l’accompagnement individualisé, elle permet aux entrepreneurs de créer leur activité de manière plus responsable, solidaire et sécurisante.
Le développement des CAE pourrait ainsi constituer un levier important pour favoriser l’emploi, soutenir les initiatives locales et renforcer les liens sociaux dans un contexte économique en pleine mutation. Nul doute que ce modèle mérite toute notre attention !